Conseillères, mes sœurs…

Certains (et certaines surtout) se plaignaient parfois que les conseils de la Confrérie du Guillon soient squattés par des enrobés barbus, moustachus ou glabres, ventrus ou longilignes, mais toujours désespérément masculins, virils ou galants. Honni soit qui mâle y pense! Alors que les femmes sont toujours plus nombreuses à rejoindre les rangs de la noble institution depuis qu’on leur a ouvert les portes, elles accèdent enfin au Saint des Saints.

Texte : David Moginier
Photos : Déclic Photographies

Certains (et certaines surtout) se plaignaient parfois que les conseils de la Confrérie du Guillon soient squattés par des enrobés barbus, moustachus ou glabres, ventrus ou longilignes, mais toujours désespérément masculins, virils ou galants. Honni soit qui mâle y pense! Alors que les femmes sont toujours plus nombreuses à rejoindre les rangs de la noble institution depuis qu’on leur a ouvert les portes, elles accèdent enfin au Saint des Saints.

Ce n’est donc pas une mais trois nouvelles conseillères qui ont été intronisées à Chillon ce printemps. Il fallait bien ça pour une nouveauté. Attention, elles n’ont pas été choisies pour leur genre, mais pour leurs qualités : leur amour du vin vaudois, leur connaissance du divin nectar et leur passion à le défendre en toutes circonstances, apéro compris.

Rien ne les distinguera de ces messieurs: elles porteront la même lourde robe, le même capet élégant, la même auguste chaîne. On se réjouit de les voir, souriantes, accueillir les convives au château ou présenter les plats des ressats avec un humour qui, on l’espère, ne heurtera pas trop les âmes masculines qu’on sait très sensibles et fragiles.

Deux vigneronnes en brun, une journaliste en jaune, de gauche à droite : Christelle Conne, Cécile Collet et Sophie Humbert.

Cécile Collet

On dit toujours que l’enseignement mène à tout, à condition d’en sortir. Cécile en est une preuve tout ce qu’il y a de plus crédible puisqu’après avoir éduqué les têtes blondes lausannoises, elle s’est reconvertie dans un métier en voie d’extinction, le journalisme à 24 heures.

Cet enfant d’Épesses, très proche de Fabian Rey, et donc de feu notre Panetier Roger, reste attachée au plus beau paysage du monde viticole qu’elle a couvert pendant des années pour la Julie. Une région qu’elle suivait déjà lorsqu’elle tapait à la machine, photocopiait et vendait «Lavaux Journal» avec Fabian à l’adolescence.

Comme la mythique Artémis, déesse de la chasse et de la fertilité, Cécile a bien d’autres cordes à son arc. Deux enfants, Marion et Colin. Mais aussi la passion de la scène héritée de ses parents. Elle s’est investie au théâtre, comme comédienne et parfois costumière, et dans l’humour au sein de la troupe d’improvisation Avracavabrac.

Spécialisée désormais dans la gastronomie et les vins, à côté des portraits de dernière page qu’elle gère, cette multi-instrumentiste a fait un travail de mémoire à l’Université sur «Patrimoine viticole et vignobles» et obtenu tout récemment son diplôme de sommelière ASSP.

Christelle Conne

Du courage, Christelle Conne n’en manque pas. Elle l’a prouvé en reprenant le domaine familial, la Cave de Champ de Clos, alors que son père n’imaginait que son fils comme successeur. Elle le prouve encore aujourd’hui en devenant une des premières conseillères du Guillon. Un défi qu’elle relèvera avec brio à en juger par son parcours original.

La quadragénaire est aussi discrète que sociable, adore voyager mais reste aujourd’hui scotchée à sa région de Lavaux pour s’occuper de ce domaine qui date du XVe siècle. C’est d’ailleurs en visitant des vignobles chiliens ou sud-africains qu’elle s’est rendu compte de la magnificence de sa région d’enfance. Celle qui manifestait dès l’école un goût pour les langues et une ouverture au monde a conservé ces dispositions à l’heure d’accueillir dans son caveau touristes ou amateurs.

Pas étonnant donc que cette gestionnaire en tourisme, spécialiste en événementiel, titulaire d’une patente de restauratrice, avant de se former en agriculture, ait des idées pour mieux vendre les vins vaudois. La maman de Noé et de Julie est ainsi membre du comité directeur de l’Office des vins vaudois.

Sophie Humbert

Voici une vigneronne qui connaît la vie de château puisque cela fait trente-six ans que Sophie vit à celui de Duillier, le domaine de son père Jacques qu’elle reprend cette année avec son frère après y avoir travaillé depuis 2015. Après un début de carrière dans la pharmacie et le social, elle a enfin trouvé le vrai moyen de soigner les gens, par le vin et l’accueil.

La trentenaire a l’habitude de s’investir, elle qui est très active au sein de la Jeunesse de Duillier, au comité du 1er Giron de la Côte en 2011 ou au caveau de la Cantonale 2024. Mais elle s’investit aussi au comité des Vins de Nyon, à celui de la Fête de la Vigne ou à celui de CastelLive, le festival de musique qui se déroule au château familial. Faut-il ajouter que la fan de musique actuelle est aussi bénévole à Paléo ou à Caribana?

Cette grande skieuse, qui a arrêté la gym et la danse hip-hop, a la réputation d’aimer faire la fête avec ses potes. Il est donc facile de la faire sortir mais beaucoup plus ardu de la faire rentrer en fin de soirée lorsqu’elle s’amuse si bien. Sophie est aussi pétillante que les vins mousseux qu’elle élabore dans ses caves, aussi franche que les blancs du domaine et aussi grande que ses rouges.